Ancien coureur cycliste professionnel entre 1967 et 1971, il devient ensuite journaliste sportif pour La Voix des Sports et l’Equipe. C’est en 1989, qu’il est nommé Directeur du Tour de France jusqu’en 2006.
Jean-Marie Leblanc, quel est pour vous votre meilleur souvenir de l’Avesnois ?
Ce n’est pas un souvenir d’enfance ou d’adolescence, de ceux qui, parfois, vous habitent toute la vie. Non, c’est plus récent, une quinzaine d’années, et il a trait à la fois au cyclisme, qui a structuré ma vie, et à Fontaine-au-Bois, mon village de l’Avesnois, où elle a commencé et où j’aimerais bien qu’elle finisse.
Nous sommes le mardi 10 juillet 2007 et le Tour de France va vivre sa 3ème étape. J’en suis parti en retraite au mois de février et mon ami Jean-François Pescheux, en charge du parcours de la course, a voulu me faire plaisir quelques mois plus tôt en plaçant Fontaine-au-Bois sur l’itinéraire de Waregem à Compiègne. L’hommage se doit d’être réciproque. Avec mes concitoyens – je suis adjoint au maire, à l’époque – nous avons mis en place tout un dispositif décoratif de la rue principale : photos grand format de tous les coureurs nordistes ayant un jour participé au Tour, alignement d’anciens vélos tous repeints en jaune, estrade officielle pour accueillir amis et personnalités, auxquels le département du Nord a offert un tee-shirt jaune commémoratif, buffet, boissons…
La course est annoncée. Elle a beaucoup de retard. L’ambiance monte d’un cran et ils apparaissent enfin, ces coureurs que j’ai précédés durant dix-huit années et dont beaucoup, bien sûr, me connaissent. Commence alors la séquence émotion. En tête du peloton, de front et à petite allure, les trois porteurs des maillots distinctifs, le jaune, le vert et le blanc. Surprise, ils me saluent de la main. Je leur réponds. Suivent les voitures chamarrées des équipes et leurs klaxons, puis les véhicules techniques et enfin le camion-balai. C’est fini.
Non, pas tout à fait, car alors la dispersion se fait attendre. Et je vois l’ensemble des spectateurs se tourner vers notre estrade et m’applaudir longuement, manière de dire merci. Il y en a que je connais, d’autres pas. Mon cœur flanche et des larmes me montent aux yeux. L’hommage de mon Avesnois rejoint celui que mes collègues du Tour de France m’ont réservé à l’arrivée des Champs Elysées un an plus tôt. En plus petit, en plus modeste, mais tout aussi fort.